Agartha. Un désert, peuplé de sédentaires et de nomades. Un désert dont l'aridité développa la cupidité des sédentaires devant les oasis qui s'asséchaient les unes après les autres. Seule 1400 survécut à cette désertification, ce qui causa de nombreuses guerres, que les nomades évitèrent en priant leur Divinité de leur accorder un sommeil de deux millénaires. Mais quand ils se réveillèrent, ils furent confrontés à des citadins beaucoup, beaucoup, beaucoup plus avancés technologiquement. Sauront-ils cohabiter ?

Chapitre I : La Grande Traversée

Nous sommes en l'an 0. Nous sommes dans un désert. Un désert particulièrement aride, d'où se découpent des montagnes à l'horizon. Les maigres oasis qui persistent de ce côté-là sont en train de s'assécher, de mourir, et l'eau vient irrémédiablement à manquer. ... À qui ? Aux nomades. Trois Clans Nomades. Ils avaient trois divinités différentes. Trois dons différents. Trois comportements différents. Mais ce fut ensemble qu'ils prirent la décision de s'en aller pour fuir cette désertification avancée.

Ils allèrent par-delà cette chaîne de montagnes. Ils n'avaient pas le choix ; l'aridité des lieux plongeait ses habitants dans une famine progressive. Ils plièrent leurs tentes, laissant chameaux et dromadaires boire à leur soif, et gardèrent le peu qu'il restait pour eux. C'est ainsi que les nomades entamèrent la Grande Traversée.

De l'autre côté des montagnes, après un long et périlleux voyage, ils durent faire face à des pertes. Les plus fragiles étaient morts, ou gravement malades. Mais arrivés de l'autre côté du désert, ils découvrirent bon nombre d'oasis, plus ou moins grandes. Et à côté de toutes ces oasis, des villages s'érigeaient fièrement. Ou des villes, suivant la taille de l'oasis. Ce constat les surprit, mais ils avaient d'autres préoccupations. Étancher la soif, et manger. Ils s'abstinrent donc de tout commentaire.

Jusqu'à ce qu'ils s'approchent des oasis pour refaire leurs provisions en eau. Car ils furent confrontés à des sédentaires particulièrement... radins. Et, évidemment, il y eut trois réactions différentes. Certains se contentèrent de peu et partirent sans rien ajouter. Il s'agissait là des Fils du Serpent, qui restaient neutres et préfèrent rester à l'écart.

D'autres, se contentant de peu également, expliquèrent leur intentions, qui n'étaient en rien mauvaises. C'étaient les Favoris de la Gazelle, entièrement pacifiques, qui croyaient fermement que le changement surprenait les citadins et qu'il fallait se rapprocher d'eux pour les comprendre. Et les derniers se servirent copieusement, par pure provocation, et n'hésitèrent pas à employer la violence s'il le fallait. Démonstration des Adorateurs du Scorpion, guerriers farouches, qui étaient d'avis qu'il fallait filer une raclée aux sédentaires. Finalement, chacun partit de son côté.

Chapitre II : Guerres et Convoitises

Le temps a passé, et les sédentaires se firent peu à peu à côtoyer des nomades. Même si certains étaient d'avis qu'il fallait se méfier, les détruire, ou au contraire, essayer de les comprendre. Et encore, il y avait bien plus d'avis divergents... Chacun réagissait à sa manière, mais la cohabitation s'imposait. Bien que quelques querelles entre citadins et nomades étaient chose courante, de même que les discussions calmes et posées, ou un simple silence de plomb lorsque chacun refaisait ses réserves en eau.

Les citadins avaient nommé les oasis par ordre de découverte. Ainsi, « 1 » fut le nom donné à la première ville construite à côté de la première oasis découverte. En tout, nous dénombrons 1399 oasis bordées par des villes. Sauf que, vers l'an 50, la désertification atteignit aussi ce pan-là d'Agartha, faisant bon nombre de morts parmi les citadins. « 1235 » fut le premier village à succomber, en raison de son oasis pauvre.

Sauf qu'elle ne fut pas la seule. Bon nombre d'oasis cedèrent le pas à cette désertification. Et pour une fois, certains sédentaires se réunirent pour partir à la recherche d'une oasis qui saurait résister à cette aridité avancée. Ce fut en l'an 70 qu'ils allèrent beaucoup plus loin que prévu, et tombèrent sur une... oasis ? Cela ressemblait plus à un immense lac. Bien trop profond pour un lac, d'ailleurs. Et, même s'ils parvenaient à distinguer l'autre rive, la longueur de cette oasis était spectaculaire.

Ils mirent des jours à évaluer ladite longueur, et décidèrent de s'installer ici. C'est en vingt ans qu'une immense ville naquit, rejointe par bon nombre d'autres sédentaires. C'est ainsi que 1400 vit le jour. Et c'est ainsi que 1400 fut source de convoitises, tant et si bien que les guerres reprirent en l'an 95, plus fortes que jamais. « 2 » paya les frais de cette destruction maladive, suivie de très près par « 1 » ainsi que toutes les autres villes. La Grande Guerre dura une cinquantaine d'années.

Les nomades, eux, n'en virent que très peu. Car au bout de cinq ans, lassés de ces guerres meurtrières atteignant le summum de la violence et de la stupidité, chaque Clan se replia dans le Sanctuaire de sa Divinité. Et ils prièrent, prièrent leurs Divinités de leur accorder un sommeil, un long sommeil qui leur permettrait d'échapper à cette lie citadine. Ce qui leur fut accordé. Ils sombrèrent pendant deux millénaires.

Chapitre III : Le Renouveau

Nous sommes en l'an 2800. La vie chez les citadins a bien changé. 1400 s'est considérablement développée, et est devenue un pur joyau de modernité high-tech. Un système de Guildes avait vu le jour. Les Guildes qui se démarquaient le plus étaient celles qui regroupaient les différents Savants, le cerveau de l'hyper-technologie de 1400. Ce sont des Savants qui ont conçu le dôme protecteur de 1400, véritable rempart à la Saison des Tempêtes et à la chaleur qui agitent le désert d'Agartha. Et ce fut encore l'un d'entre eux qui fit une invention qui révolutionna la ville en l'an 2850.

Un ordinateur. Ou, plus exactement, un super-ordinateur, véritable IA aux propriétés et programmes variés. Son inventeur fut surnommé « Le Créateur », tant et si bien que sa véritable identité s'est perdue. C'est à son intention que fut construite la Tour de l'Ordinateur, endroit où « Le Créateur » s'exila pour perfectionner son oeuvre, ainsi que rédiger tout un tas de paperasse expliquant son fonctionnement, et comment la réparer en cas de pépins. Il détailla tout, absolument tout, se montrant d'une prévoyance extrême.

Après avoir expliqué l'intérêt de son invention lors du Conseil de Guildes mensuel, la machine fut de suite adoptée afin d'aider à la politique de la ville. Ce qui fut très mal perçu par certains citadins, qui refusaient de devoir obéir à une machine. Les Pilleurs ne tardèrent pas à se démarquer, plongeant dans l'illégalité la plus totale et faisant fi des lois établies.

L'Armée de 1400 riposta très vite face à cette menace, et c'est ainsi que l'éternelle guerre entre Militaires et Pilleurs débuta. L'Ordinateur, malgré cette révolte évidente, fut quand même consulté pour des décisions très importantes ou, au contraire, très peu importantes. Ainsi que pour la surveillance de 1400. À la mort du Créateur, d'autres citadins se rebellèrent et se rangèrent du côté des Pilleurs. D'autres Gangs de Pilleurs naquirent ainsi.

Le Renouveau de 1400 fut de nouveau ponctué de batailles, quoique beaucoup moins violentes que durant la Grande Guerre. Et les nomades avaient totalement été oubliés depuis longtemps. Personne n'en avait revu depuis 1900 ans de toutes façons, et seuls les plus érudits se souvenaient de leur existence.

Chapitre IV : Le Choc Temporel

C'est en l'an 2980 que les premiers nomades se réveillèrent. Et les premiers à émerger de ce long sommeil furent les Anciens de chaque Clan. Ils n'avaient pas changé, ils étaient restés les mêmes qu'avant le sommeil. Lorsqu'ils sortirent de leur Sanctuaire respectif, dans l'intention de parler entre eux afin d'évaluer la situation, ce fut le choc. Des... montures métalliques lévitaient et étaient poursuivies par des oiseaux mécaniques géants.

Les guerres ne s'étaient donc pas arrêtées. Et les moyens pour la faire avaient visiblement évolué. Lorsque les Anciens furent tous éveillés, ils se rassemblèrent aussi vite que possible. Et la première chose qu'ils firent, c'est de savoir ce qu'ils allaient faire. Les Adorateurs du Scorpion furent d'avis de massacrer les citadins, afin de mettre fin à leurs querelles. Les Favoris de la Gazelle pensaient exactement l'inverse, qu'il fallait les aider et les comprendre. Quant aux Fils du Serpent, ils jugeaient important de se renseigner sur tout cela, tout en restant à l'écart ; un avis neutre sur la question, donc.

Vu que les Vétérants, les anciens du Clan des Adorateurs du Scorpion, persistaient à croire qu'il fallait les décimer, un vote fut fait. Évidemment, ceux qui l'avaient proposé étaient pour. Les Chamanes, anciens des Favoris de la Gazelle, s'y opposèrent et votèrent contre. Quant aux Sages, anciens des Fils du Serpent, ils restèrent neutres et « votèrent blanc ». Mais les Vétérants réussirent à obtenir un compromis ; ils n'attaqueraient pas les citadins dans leur ville. Mais s'ils en sortaient... Ils pourraient les torturer ou les tuer. Ce qui leur fut accordé, à contrecoeur pour les Chamanes.

Les nomades se réveillèrent les uns après les autres, lentement, sur une durée de vingt ans. Chacun essaya de s'adapter à la différence de technologie et de cultures, et ce fut en ce sens qu'un bazar fut crée sur les Rives Désertiques de l'Oasis. Face à la violence des Adorateurs du Scorpion dans le désert à l'encontre des citadins, l'Armée s'organisa de façon à contenir nomades, pilleurs, et la sécurité au sein de la ville.

Mais une question persiste. Nomades et Sédentaires sauront-ils coexister ensemble ? Ou bien une deuxième période de Grande Guerre verra le jour... ?

« Laissez toutes les inquiétudes derrière vous, écoutez simplement le son de ma voix et le crépitement du feu dans l’âtre. Prenez un fauteuil, détendez-vous. Une tasse de thé, ou de lait peut-être ? À moins que vous ne préfériez quelque chose de plus fort ?

Laissez-vous porter par ma voix... Je suis le Ménestrel, celui qui conte toutes les histoires. Oubliez le vent violent et la pluie battante, vous êtes en sécurité et au chaud dans cette petite auberge.

Je vais vous conter une ancienne légende… Celle qui remonte au début du Royaume du Clair de lune. Tout était calme et paisible dans une douce lumière de paix. La sérénité et la joie illuminaient nos terres… Mais peu importent les richesses du monde, les hommes et les femmes sont toujours tentés par les douceurs nacrées des mystères... Même, et surtout, les plus sombres.

Une jeune demoiselle, belle et bienveillante, fut tentée par cette voix mielleuse… Elle demanda conseil auprès de son entourage, mais cela ne fut suffisant pour réussir à se garder hors d’atteinte de cette doucereuse tentation. Alors, de sa voix claire et pure... elle chanta. Et sa mélodie parcourut tout le village. Une chanson enivrante et magnifique et... dangereuse. Une berceuse emplie de mensonges qui ouvrit la porte aux plus noirs démons.

Ils s’éparpillèrent sur la terre, répandant le feu et la misère, tuant les enfants et enlevant toutes les femmes qui se trouvaient sur le chemin. Cela ne dura qu’une nuit… une ère ténébreuse où la lune était aussi noire que l’encre.

Personne ne sut comment ces portes du mal s’étaient ouvertes… Personne ne sut comment elles s'étaient refermées... Et personne ne connaissait le moyen pour les rouvrir de nouveau, afin de retrouver leurs femmes disparues.

Les jours passèrent… les semaines… les mois... Puis, un jour où le soleil était à son zénith, comme appelé par le chant des oiseaux, une porte s’ouvrit. Une seule et unique porte… pour une seule jeune et frêle demoiselle. Cette jeune fille… tout le monde a oublié son nom mais tout le monde s’en souvient, ce fut celle qui donna naissance aux Rois.

Oh non ! Je vous arrête ! Pas notre lignée de Rois… Celle des vampires, ceux qui se font appeler les deux Reïs… Ces deux monstres jumeaux assoiffées de sang… ceux que leurs sujets attendaient avidement pour reconquérir cette terre et assujettir les hommes.

Vous ne croyez pas aux Vampires ? Mécréants... Ils sont là depuis si longtemps à présent… Ils attendant simplement leurs Reïs... Ils se montreront ensuite devant vous… leurs yeux rouges luisant dans la nuit… Ils approcheront dans un simple murmure du vent…

Oui, tout comme moi à présent… Oh ? Vous commencez à avoir froid ? Oui, le feu de l’âtre s’est éteint depuis un moment déjà… Mais vous venez à peine de le remarquer n’est-ce pas ? Voyons, n’ayez pas peur, je ne suis qu’un humble ménestrel… N’ayez pas peur car ce soir, en échange de mon récit, vous deviendrez les heureux élus qui seront mon repas… »